Enquête Ifop : 1 salarié sur 3 victime de discrimination ou de harcèlement au travail

Marion Gemme
Marion Gemme

A l’occasion de la journée mondiale pour l’élimination de la discrimination raciale qui se déroule le 21 mars, Makemycv.fr a demandé à l’Ifop d’interroger les Français, et plus particulièrement les salariés, sur leur perception du racisme et des discriminations en tous genres subies dans le vie quotidienne comme dans l’entreprise.

Enquête Ifop : 1 salarié sur 3 victime de discrimination ou de harcèlement au travail

A l’occasion de la journée mondiale pour l’élimination de la discrimination raciale qui se déroule le 21 mars, Makemycv.fr a demandé à l’Ifop d’interroger les Français, et plus particulièrement les salariés, sur leur perception du racisme et des discriminations en tous genres subies dans le vie quotidienne comme dans l’entreprise.

Bien que très sévèrement punies par la loi, les discriminations – qu’elles soient liées à l’origine ethnique, l’orientation sexuelle, le handicap ou encore la croyance religieuse - sont loin d’être exceptionnelles dans notre pays. L’étude de l’Ifop fait en effet état de chiffres forts quant aux humiliations, insultes ou moqueries subies par les minorités visibles ou invisibles. Dans le monde du travail, elles peuvent s’exercer dès le recrutement et se poursuivre tout au long de la carrière, qu’il s’agisse d’obtenir une promotion, une mutation ou d’affronter un licenciement.

Majoritairement sensibles à la nécessité d’une lutte vigoureuse contre les discriminations raciales, les Français, comme le montre cette enquête, n’en font pas pour autant un sujet déterminant dans le choix qu’ils feront les 10 et 24 avril lors de l’élection présidentielle.

Multiples sources de discrimination

Le chiffre est loin d’être anodin : près d’un salarié Français sur trois (32%) a été victime d’une ou plusieurs formes de discrimination ou de harcèlement au cours de sa carrière. Un phénomène qui débute dès l’entretien d’embauche puisque 13% des personnes interrogées disent y avoir été confrontées, notamment chez les personnes racisées (27%). Les moments où la discrimination s’exerce sont multiples et touchent de nombreuses catégories de population : ainsi, 38% des personnes handicapées disent avoir rencontré des difficultés dans l’évolution de leur carrière tandis que 40% des musulman(e)s estiment avoir été discriminés à l’heure d’obtenir une augmentation (contre 16% pour l’ensemble des salariés). Les homosexuel(le)s sont également plus nombreux - 21% contre 12% - à avoir été victimes de discrimination dans différentes situations liées à leurs activités professionnelles.

Des salariés ciblés en fonction de leur origine ou de leur croyances

Nombreux sont également nos concitoyens à avoir été insultés ou humiliés au travail en raison de leur origine éthique ou de leur religion. 30% des personnes racisées disent en avoir été victimes tandis que 37% des musulmans affirment l’avoir subi en raison de leurs croyances religieuses réelles ou supposées contre 6% pour l’ensemble des personnes interrogées. L’accent est également un facteur de moquerie ou d’humiliation : un tiers des salariés (33%) dont l’accent est très marqué en ont été la cible. Dans des proportions moindres, la région, la commune ou le quartier d’origine peuvent eux aussi donner lieu à des propos blessants : 10% des répondants l’ont vécu, chiffre un peu plus fort (12%) pour celles et ceux résidant en Ile-de-France.

L’apparence physique et le genre, sujets de remarques et moqueries

L’étude l’Ifop montre que plus d’un salarié sur 5 (22%) a déjà fait l’objet de propos humiliants ou insultants en relation avec son apparence physique. 30% des personnes se définissant comme obèses sont dans ce cas contre 13% pour l’ensemble des actifs. La silhouette, la coiffure ou encore la manière de s’habiller sont également des sujets propices aux réflexions malveillantes puisque près d’un salarié sur six y a été confronté au travail.

Plus que les hommes, les femmes sont sujettes à des propos humiliants ou insultants pour le seul fait qu’elles sont… des femmes ! C’est le cas pour 18% des salariées interrogées, lesquelles sont également 9% à avoir subi au cours de leur carrière des propos inappropriés alors qu’elles étaient enceintes. L’orientation sexuelle peut aussi donner lieu à des remarques désobligeantes et blessantes au sein de l’entreprise : plus des 2/3 des personnes homosexuelles (36%) ont été visées par de tels propos dans le cadre professionnel.

Les Français favorables à une lutte vigoureuse contre les discriminations raciales

Au-delà de la discrimination dans le monde du travail, l’Ifop a également interrogé les Français sur leur rapport aux discriminations raciales, notamment à l’approche de l’élection présidentielle des 10 et 24 avril prochain. Aujourd’hui, plus de 6 Français sur 10 (62%) sont favorables à une lutte vigoureuse contre le racisme dans notre pays. Une proportion en légère augmentation au cours des deux dernières décennies puisqu’ils étaient 59% en 2002 et 60% en 2012 à témoigner de cette volonté. Assez logiquement, ce sont les électeurs proches des candidats de gauche qui sont les plus nombreux à défendre cette idée d’un combat affirmé contre les discriminations raciales, à l’exemple des électeurs de Yannick Jadot (80%) et de ceux de Jean-Luc Mélenchon (77%). Les sympathisants d’Emmanuel Macron (72%), de Valérie Pécresse (58%) et de Marine Le Pen (53%) y sont également majoritairement favorables, contrairement à ceux d’Éric Zemmour (39%).

Quelle influence sur l’élection présidentielle ?

La lutte contre le racisme et les discriminations liées aux origines ethniques ne figure pas en tête des sujets dont les électeurs disent qu’ils seront déterminants dans leur vote à l’élection présidentielle. Si cela est vrai pour 33% des personnes interrogées, d’autres causes comme le respect des droits humains (58%), le combat contre les discrimination relatives au handicap ou encore la lutte contre le sexisme (50%) sont jugés plus importants par les personnes interrogées.

Toutefois, les réponses sont assez hétérogènes au sein de la population, notamment en fonction de l’âge et de la proximité politique des répondants. Ainsi, plus de la moitié des jeunes âgés de 18 à 24 ans (55%) considèrent que la lutte contre le racisme sera déterminante dans le choix qu’ils feront dans l’isoloir, un constat auquel adhèrent 59% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon. En revanche, seuls 12% des sympathisants d’Éric Zemmour et moins d’un électeur sur 4 (23%) de Valérie Pécresse et de Marine Le Pen partagent cette opinion.

Que dit la loi ?

L’article 225-1 du code pénal prohibe toute discrimination basée sur les 20 critères suivants : sexe, origine, situation de famille, apparence physique, patronyme, grossesse, état de santé, caractéristiques génétiques, handicap, orientation sexuelle, mœurs, âge, activités syndicales, convictions religieuses, opinions politiques, appartenance ou non appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race, une identité sexuelle, un lieu de résidence.

La loi punit les comportements discriminatoires des personnes physiques de 3 à 5 ans d’emprisonnement et de 45 000 à 75 000 euros d’amende.

L’enquête grand public sur les discriminations raciales de l’Ifop pour Makemycv.fr a été menée du 9 au 12 mars 2022 auprès d’un échantillon de 2 000 Français, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

L’enquête sur les discriminations au travail de l’Ifop pour Makemycv.fr a été menée du 22 au 28 février 2022 auprès d’un échantillon de 4 026 Français, représentatif de la population française salariée âgée de 18 ans et plus.

Il vous est possible de télécharger les résultats complets de l’enquête ICI.

Comment s'assurer une candidature sans discrimination ?

Les moeurs et pratiques concernant la réalisation de CV ont évolué ces dernières années. La loi n° 2006-396 du 31 mars 2006 pour l'égalité des chances a introduit la notion d'anonymat des informations du candidat à l'embauche dans les entreprises de plus de 50 salariés. Apparaît alors l'idée du CV anonyme, c'est-à-dire un curriculum vitae exempt de toute donnée susceptible de déceler l'âge, l'origine sociale ou ethnique, le sexe ou l'apparence physique. En 2015, l'Assemblée nationale le décrète facultatif pour les entreprises.

Dans les faits, les recruteurs sont très peu nombreux à y avoir recours. Mais vous pouvez faire un CV dans les règles actuelles sans trop donner de détails personnels : si le nom et prénom restent attendus par le recruteur, vous pouvez vous passer facilement de photo, ne pas indiquer votre âge ni votre adresse précise (la ville suffit). Pour l'entête de la lettre de motivation, les mêmes conseils s'appliquent.

L'autre conseil est de bien mettre en valeur son expérience et/ou ses compétences, vos meilleurs atouts face à un employeur malveillant. Une candidature qui comporte tous les savoir-faire et savoir-être demandés sera difficile à écarter. Aussi, une mise en page professionnelle, aérée et pourquoi pas de la couleur en vous inspirant de nos exemples de CV. En fonction du métier ou secteur dans lequel vous exercez, pensez à ajouter une touche d'originalité.